Des voiles ? Une roue à aubes ? Drôle de paquebot ! Et pourtant, voici la maquette de l'Impératrice Eugénie (1865), tout premier paquebot transatlantique construit à Saint-Nazaire.
Une construction pionnière
En 1862, Émile et Isaac Pereire, fondateurs de la Compagnie Générale Transatlantique, implantent à Saint-Nazaire un chantier naval dédié à la construction de leurs paquebots. Installés à Penhoët, entre Loire et océan Atlantique, ils s’appuient sur l’ingénieur écossais John Scott pour introduire les techniques de construction des navires en fer sur le territoire.
Quatre paquebots sortent des cales en 1865, dont l’Impératrice Eugénie, premier paquebot construit à Saint-Nazaire. Long de plus de 100 mètres et propulsé à la vapeur, sa réalisation est une véritable prouesse technique pour l’époque.
Entre air et feu
La maquette révèle un système de propulsion mixte. De chaque côté de la coque, actionnées par une machine à vapeur, les roues à aube font avancer le navire. Des voiles complètent le dispositif lors des longues traversées océaniques.
Ce mode de propulsion montre vite ses faiblesses : forte consommation de charbon, encombrement à bord, fragilité face à la houle.
« …en hiver et par le mauvais temps, (…) par suite du roulis, les roues tournant alternativement dans le vide, elles impriment à la coque du navire des secousses tellement violentes qu’elles ébranlent toute la machine animale, surexcitent les nerfs d’une manière fort désagréable et mettent le cœur sur les lèvres. »
Guide du voyageur sur mer, Dr Arsène Guien, 1876
Dès 1873, la Compagnie Générale Transatlantique adopte l’hélice sur ses paquebots. L’Impératrice Eugénie en est équipée en 1874.
Au service de l’Empire
Noir, rouge et blanc : la livrée du navire est celle de la Compagnie Générale Transatlantique. Son nom rend hommage à l’épouse de Napoléon III et illustre la proximité des frères Pereire avec le pouvoir impérial.
Initialement mis en service sur la ligne Saint-Nazaire – Veracruz, le paquebot participe au transport du corps expéditionnaire français au Mexique. Plus qu’un navire de ligne, il s’impose comme une vitrine flottante du Second Empire.
Après la chute du régime, il est rebaptisé Atlantique, puis Amérique en 1873.
Cette maquette a été donnée à l’Écomusée de Saint-Nazaire en 1998 par Raoul Sebilo.