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Écomusée : plongée dans un chantier hors norme

17 Juin 2025

Depuis juillet 2023, le service de la conservation des collections du pôle Patrimoine de Saint-Nazaire Agglomération Tourisme est mobilisé pour une opération de grande ampleur : un chantier des collections de l’Écomusée de Saint-Nazaire !

Rencontre et échanges avec Agathe Doufils, chargée de la conservation des collections.

Les collections de l’Écomusée, qu’est-ce que c’est ?

Constituées depuis 1983, les collections comptent, 40 ans plus tard, près de 14 000 objets auxquels s’additionnent plusieurs fonds patrimoniaux dont un fonds exceptionnel de 65 000 photographies.

« Pour intégrer les collections de l’Écomusée, un objet doit s’inscrire dans l’un des trois axes de sa politique d’acquisition :

Les collections du musée sont protégées par l’appellation « Musée de France ». Elles ne peuvent être ni vendues, ni cédées, et ce, pour toujours.

L’Écomusée s’engage ainsi auprès des générations passées, présentes et futures à conserver ces objets, témoins des évolutions du territoire nazairien et de ses habitants.

Maquette du quatre-mâts cap-hornier Tarapacá Affiche de la parade humoristique représentant une femme de grosse corpulence montant un petit cheval en bois. Détail d'une laque dorée représentant deux renards dans une végétation. Valise de sous-marinier ayant servi dans le sous-marin Espadon.

Où sont conservés ces 14 000 items ?

500 objets sont exposés en permanence à l’Écomusée, à Escal’Atlantic et au sous-marin Espadon. Ce dernier est d’ailleurs, avec ses 77,80 mètres de long, le plus grand objet de collection du musée !

Pour des questions de place, de cohérence du discours et de fragilité, les autres biens sont conservés dans des réserves muséales. Ils sont régulièrement montrés au public lors d’événements comme les Journées Européennes du Patrimoine ou la Nuit des Musées.

Pourquoi un chantier des collections à l’Écomusée ?

« Les réserves muséales s’apprêtent à déménager. Environ 10 000 œuvres vont ainsi être déplacées. Ce déménagement, prévu pour 2026, occasionne un vaste chantier des collections : une opération d’envergure où chaque objet doit passer par une même chaîne de traitement :

  • Prises de vues en l’état
  • Dépoussiérage
  • Récolement* et vérification de sa bonne inscription à l’inventaire
  • Constat d’état
  • Prises de mesures et marquage
  • Prises de vue après traitement
  • Conditionnement

Pour traiter autant d’objets, l’Écomusée a recruté trois personnes pour renforcer son équipe. Des conservateurs-restaurateurs et des transporteurs spécialisés ont aussi été impliqués. »

*Obligation légale pour les Musées de France de vérifier tous les dix ans leurs collections pièce à pièce : conformité avec l’inventaire, localisation, état, marquage…

Le dépoussiérage, une étape essentielle ?

« Oh que oui ! La poussière est composée de micro-organismes qui favorisent l’installation de la moisissure. Une légère augmentation de la température ou de l’humidité et hop : elle se développe ! Un dépoussiérage régulier est donc essentiel.

Au-delà des risques de contamination, la poussière laisse parfois quelques taches qui peuvent endommager durablement l’objet… »

Avant / Après le dépoussiérage d’un fauteuil de cabine.

Avant / Après le dépoussiérage d’un fauteuil de cabine du paquebot Nieuw Amsterdam (1983)

Les réserves, des espaces aseptisés ?

Une réserve est un bâtiment qui obéit à des normes de conservation avec un climat contrôlé.

« Tout choc climatique, humidité ou encore apparition d’insectes et de moisissures doit être y évité à tout prix ! La stabilité est le maître-mot. Les collections du musée sont précieuses et requièrent des conditions spécifiques pour ne pas s’altérer. »

Lors du chantier, des règles sanitaires sont mises en place pour éviter toute contamination : surchaussures et blouses pour tous les collaborateurs.

Et maintenant, l’équipe travaille sur quelle opération ?

« L’équipe s’attelle au conditionnement ou au reconditionnement d’une partie des collections, c’est-à-dire, à la réalisation de caisses de transport.

Le déménagement implique de multiples manipulations et du transport routier. Il est donc impératif de sécuriser et emballer chaque objet pour que rien ne s’abime. État, matériaux, taille… chaque objet est pris en charge selon ses spécificités. Un véritable travail de fourmi.

Par exemple, une maquette de bateau avec de grands mâts ne se protège pas comme un lot d’assiettes. »

La transition écologique questionne-t-elle vos pratiques ?

« Le conditionnement d’œuvre est un exercice énergivore en matériaux difficilement recyclables : polypropylène, mousses, bacs en plastique… Alors, l’équipe réadapte, réemploie, utilise les chutes pour optimiser les ressources.

Les mots-clés du chantier sont : rationalisation et optimisation.

Ainsi, dès le départ, le conditionnement est pensé comme permanent. Après le transport, il n’y aura plus qu’à le ranger dans les nouvelles réserves. Bien conditionner un objet, c’est assurer son avenir. »

Avant / Après le conditionnement d’un jeu d’assemblage. Un exemple ici des nouveaux conditionnements avec des matériaux neutres, une meilleure organisation et des objets de collection prêts à déménager sans risque.