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Dans les coulisses des musées : que se passe-t-il quand les portes sont fermées ?

27 Jan 2024

Période de fermeture annuelle ne veut pas dire repos pour les équipes de Saint-Nazaire Agglomération Tourisme ! L’entretien des collections donne lieu à des opérations parfois impressionnantes, méconnues du public et pourtant indispensables.

Une professionnelle de musée dépoussière une œuvre en verre églomisé de Pierre et Dominique Lardin provenant du paquebot France (1962).

Escal’Atlantic, un musée endormi au mois de janvier ?

Chaque année, le musée accueille entre 50 000 et 80 000 visiteurs qui viennent admirer les œuvres provenant des plus beaux paquebots transatlantiques construits à Saint-Nazaire.

Pour que leur visite soit parfaite, les équipes interviennent toute l’année au gré des besoins : maintenance des sites, veille sur les collections… Pour autant, certaines tâches sont d’une telle ampleur qu’elles ne peuvent être menées pendant des périodes d’ouverture.

À commencer par les constats d’état et le dépoussiérage de chacune des 200 œuvres exposées ! Pendant une semaine, l’équipe des collections nettoie et scrute les objets un par un. Avant d’entrer dans les collections du musée, les œuvres ont parfois connu une vie tumultueuse dont elles gardent les stigmates : chocs, usure, craquelures… Certaines ont plus de 100 ans et vieillir n’est alors pas de tout repos !

Renards et Marabouts de Jean Dunand, quatre panneaux d’une grande fragilité

Provenant du salon fumoir de première classe du paquebot Normandie (1935), les quatre panneaux sont aujourd’hui exposés dans le hall d’Escal’Atlantic. À l’origine, ils formaient avec 20 autres panneaux un décor luxueux intitulé La Chasse.

Très bien conservées, ces œuvres sont pourtant surveillées de près par l’équipe. Depuis 2009, elles font l’objet d’interventions régulières. C’est ce que les professionnels du musée appellent la conservation préventive, agir maintenant pour éviter d’importantes dégradations futures.

Deux professionnels de musée sont sur un échafaudage pour observer des panneaux de laque accrochés dans le hall d'Escal'Atlantic.

 

Pourquoi ces interventions ?

La cause est à chercher dans les matériaux qui constituent l’œuvre. Les panneaux, d’abord moulés dans un cadre métallique, sont ensuite sculptés dans le stuc, un mélange de terre argileuse et de plâtre. Une fois secs, ils sont recouverts de multiples couches poncées de laque, un vernis réalisé à partir de résine d’arbre parfois réhaussé de feuille ou de poudre d’or.

Or, chacun de ces matériaux vieillit différemment. Le stuc a tendance à se rétracter, causant des fissures et des soulèvements de laque. Pour éviter que la laque se détache de son support, Anne Jacquin, restauratrice spécialisée qui connaît bien ses œuvres, a été appelée.

Avant d’intervenir, elle prend le temps de réaliser un constat d’état détaillé de chacun des panneaux puis effectue des tests pour définir les méthodes et les produits adaptés. Enfin, elle dépose goutte par goutte au pinceau un adhésif fluide sur les fissures, parfois de la largeur d’un cheveu ! Elle comble ainsi l’écart entre le stuc et la laque. Une fois sec, elle applique un minuscule fer chauffant sur la surface traitée, protégée par un film siliconé pour refermer le soulèvement.

Traquer la poussière dans les moindres recoins

La poussière est l’une des principales ennemies des professionnels des musées. En s’accumulant, elle favorise la dégradation des œuvres et attire les insectes. Sur les collections accessibles, l’équipe intervient facilement. Pour d’autres, le dépoussiérage demande toute une organisation !

Dans le bar d’Escal’Atlantic se trouvent deux de ces objets difficiles à atteindre. Les deux décoraient le salon fumoir de première classe du paquebot France (1962). Le premier est un luminaire dessiné par Gilbert Poillerat qui, pour faire écho à sa fonction d’origine, est fixé au plafond. Le deuxième, Les balanciers du temps, est un ensemble de deux tapisseries de Jean Picart Le Doux mesurant chacune 2,30 m de large pour 3,73 mètres de haut ! Elles sont suspendues au plafond.

Pour les atteindre, pas d’autre moyen que le montage d’un échafaudage. Pour le luminaire, la structure est montée au-dessous et le dépoussiérage se fait simplement. À l’inverse, pour déposer les tapisseries, six personnes sont nécessaires.

Chacune leur tour, elles sont décrochées et étalées par terre. L’équipe des collections en profite pour faire un constat d’état approfondi puis enlève la poussière grâce à des aspirateurs spécifiques dont l’aspiration est modulable.

Une professionnelle de musée dépoussière un luminaire de Gilbert Poillerat provenant du salon fumoir du paquebot France (1962).

Une professionnelle de musée aspire la poussière sur une tapisserie de Jean Picart Le Doux provenant du salon fumoir de première classe du paquebot France.