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Quand les jeunes Nazairiens s’expriment sur la solidarité

10 Oct 2020

Retour sur le beau succès de la rencontre « Ma solidarité » avec Jeunes en ville, l’Écomusée de Saint-Nazaire et le public des Journées Européennes du Patrimoine.

Au premier plan, maquette des chantiers navals, derrière, une dizaine de personnes sont assises et écoute une médiatrice pendant "Ma solidarité" aux Journées du patrimoine.

Des Journées du patrimoine solidaires à Saint-Nazaire

Les 19 et 20 septembre derniers, lors des Journées du Patrimoine, Saint-Nazaire Agglomération Tourisme a proposé une programmation intitulée « La Solidaire du patrimoine ». Ce programme, dont le titre est un clin d’œil à la « Solitaire du Figaro » qui se déroulait dans les bassins du port, résonnait à la fois avec la thématique nationale « Éducation et patrimoine : apprendre pour la vie » et avec le contexte sanitaire particulier que nous vivons.

Le dimanche, l’Écomusée de Saint-Nazaire était au centre des attentions avec de nombreuses actions gratuites. L’une d’elles, « Ma solidarité » qui donnait la parole à Jeunes en ville vous a particulièrement ému. Retour sur cette rencontre et sur les coulisses de sa mise en place.

Jeunes en ville prend ses quartiers à l’Écomusée pour parler de solidarité

Jeunes en ville, c’est le conseil nazairien des 15-25 ans. Qui mieux que cette instance citoyenne pour s’exprimer sur les solidarités ?

Visite du musée et découverte des collections

L’aventure a commencé début septembre. Une petite dizaine de jeunes sont invités à l’Écomusée de Saint-Nazaire pour une visite de l’exposition permanente. Sébastien Jubau, membre de l’équipe qui gère les collections du musée, retrace pour eux l’histoire de leur ville. 

Ce dernier leur présente ensuite une dizaine d’objets de collection sortis spécialement des réserves. Certains jeunes s’étonnent de la petite taille des objets, d’autres du fait qu’ils soient en papier. Pour eux, c’est l’occasion d’approcher de près des collections muséales, bien plus variées que ce qu’ils imaginaient.

« Les objets présentés m’ont permis de découvrir et exprimer mon propre regard sur la solidarité. » (Olivia)

Malgré les différences d’époques, chacun se sent interpellé par un ou plusieurs des documents présentés. La solidarité est une valeur importante à leurs yeux, et les a motivés pour participer au projet. Dramane est touché par ces pilotes de Loire rassemblés en syndicat pour défendre leurs conditions de travail au début du siècle. Olivia et Hélène sont impressionnées par la Ligue des droits de l’homme et du citoyen dont François Blancho, ancien maire de Saint-Nazaire, a fait partie avant la Seconde Guerre mondiale…

 

Livret ouvert sur la première page indiquant l'identité du propriétaire : Mathurin Guillerme.

Carte de membre sur fond jaune de la ligue des droits de l'homme dont l'identité du porteur est écrite au centre : François Blancho

Se préparer à la prise de parole en public

À la fin de cette séance, quatre jeunes décident de poursuivre l’aventure. Ils relèvent le défi de s’exprimer devant le public des Journées du patrimoine. Pour les y préparer, ils sont accompagnés par Mélanie Couillaud, comédienne, metteur en scène et par deux professionnels du musée. Chacun choisit son objet coup de cœur et le travail commence !

« La représentation ça donne confiance en soi ! » (Hélène)

Plusieurs séances suivent où se mêlent exercices d’expression, dialogue autour des objets et préparation du discours. Le but est que chacun puisse exprimer ce que l’objet qu’il a choisi lui inspire. En quoi il résonne avec sa propre vie malgré le temps passé et l’évolution de notre société. Et surtout, pourquoi la solidarité est un sujet qui leur parle.

C’est le grand jour pour « Ma solidarité » et les jeunes !

Le jour J, Hélène, Mohamed, Olivia et Enzo sont fin prêts. Tour à tour, ils se relaient dans des duos avec deux professionnelles du musée, Éloïse Bugeau et de Tiphaine Yvon.

 

“Le passé de la France est le présent de mon pays.”

Mohamed ouvre le bal devant les premiers curieux des Journées du patrimoine. Il a choisi l’autocollant de la Radio Libre Populaire Saint-Nazaire. Ce dernier l’a frappé car il découvre qu’en France, la radiodiffusion a fait l’objet d’un monopole d’État. À Saint-Nazaire, comme un peu partout sur le territoire, une radio pirate a vu le jour dans les années 1970. Elle entend contester ce contrôle des ondes. À travers ses émissions et les musiques qu’elle diffusait, la Radio Libre Populaire militait pour que la parole de tous soit diffusée : ouvriers, syndicalistes, femmes au foyer, prisonniers, …

Originaire de Sierra Leone, Mohamed raconte les risques et les persécutions encourus par les animateurs et les artistes qui expriment leur désaccord avec la politique du pays dans les très nombreuses radios. Avec beaucoup d’incompréhension, il se demande : « Pourquoi mon gouvernement fait cela ? ».

Jeune homme debout avec une visière devant un écran projetant un autocollant de la Radio Libre Populaire lors de "Ma solidarité" aux Journée du patrimoine.

Autocollant de la Radio Libre Populaire en forme de triangle rouge représentant une antenne radio blanche diffusant des ondes barbelées découpées par une pince noire.

Hélène et la défense passive

Hélène, jeune nazairienne, vient de lancer sa carrière de comédienne. Elle a été impressionnée par Anne-Marie de la Caffinière dont l’Écomusée conserve la carte de service dans la défense passive. Infirmière municipale pendant la Seconde Guerre mondiale, elle voit son quotidien bouleversé par les bombardements que subit la ville. Une expérience marquante qui questionne la jeune comédienne. Quel rapport au corps pouvait entretenir cette infirmière face à tant de corps meurtris ? Ce parcours de célibataire inspire la jeune femme qui y voit un exemple de force et de courage exceptionnels.

Jeune femme, accompagnée d'une professionnelle de musée, debout avec une visière s'adressant à trois personnes assises devant elle lors de "Ma solidarité" aux Journées du Patrimoine.

Photographie d'une carte de service de la défense passive qui renseigne l'identité de sa propriétaire, Mademoiselle Laouër de la Caffinière, infirmière communale avec sa photo d'identité.

« Au départ, quand j’ai vu cet objet, je ne voyais pas du tout le lien avec la solidarité !” 

Olivia est lycéenne au collège Aristide Briand de Saint-Nazaire. Avec le certificat d’étude secondaires du 1er degré remis à Henri Ropert en 1920, elle réalise l’importance de l’enseignement public.

Henri Ropert est un jeune homme de 16 ans quand il termine ses études au collège Aristide Briand en 1920. Son père est soutier, l’un des métiers les plus durs et les moins bien rémunérés de la Marine Marchande. Grâce à l’enseignement public gratuit et obligatoire jusqu’au primaire et à sa persévérance, il continue ses études jusqu’à la fin du collège. À son tour, il intègre la Marine Marchande où il suit des études d’officier. Quelques années plus tard, il atteint le grade de capitaine.

Olivia est d’origine malgache, son père a lui aussi grandi dans un milieu modeste. Grâce à ses études, il a pu devenir contrôleur aérien. Aujourd’hui, c’est elle qui rêve de devenir ingénieure en aéronautique grâce à ses études supérieures.

Jeune femme debout avec une visière présentant un certificat d'études à deux personnes âgées assises devant elle lors de "Ma solidarité" aux Journées du Patrimoine.

Photographie d'un certificat d'études secondaires du 1er degré sur papier blanc jauni imprimé en noir avec un liseré gothique.

« La solidarité, c’est grâce à ça qu’on évolue, que l’humanité ira toujours plus loin. »

Enzo vit dans le quartier de la Chesnais depuis toujours et il y est très attaché. Ne pouvant être présent aux Journées du patrimoine, il s’est enregistré. Son œil a été attiré par un procès-verbal de pose de la première pierre d’une Habitation Bon Marché (H.B.M.) dans le quartier de Plaisance. Un vieux morceau de papier morcelé retrouvé roulé dans une cartouche métallique très abîmée.

Les H.B.M. sont les ancêtres des actuelles Habitations à Loyer Modéré (H.L.M.), des logements qu’il connaît bien puisqu’il y vit. L’accès pour les familles à un logement décent et à un prix raisonnable lui semble précieux. De plus, il a été frappé par l’importante solidarité développée entre les familles de sa cité H.L.M. pendant le confinement ! Pour lui, ce type d’habitat joue un rôle dans cette entraide.

Photographie d'une cartouche métallique fortement oxydée et présentant des restes de ciment.

Photographie d'une feuille de papier morcelée sur laquelle est écrit un texte à la plume et à l'encre noire.

Des rencontres fortes entre générations

Les félicitations sont de rigueur après cette présentation à un public attentif et concerné. Quelques beaux échanges ont vu le jour après les applaudissements entre mémoire et réflexions sur la solidarité aujourd’hui. Le stress passé, les jeunes sont heureux du résultat et chacun y a trouvé son compte.

« Ce projet m’a donné l’opportunité de visiter l’Ecomusée et de parler de mon pays. Et de comparer l’histoire de la France avec celui de la Sierra Leone. » (Mohamed)

« J’ai aussi vu le travail des autres Jeunes en ville, les différentes formes, cette diversité était intéressante » (Hélène)

Les Journées du patrimoine, malgré le contexte sanitaire, ont quant à elle remportées un beau succès. Sur le weekend, ce sont 2 624 visiteurs accueillis sur les actions de Saint-Nazaire Agglomération Tourisme.

Au plaisir de se revoir l’année prochaine !