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Les premiers sous-marins

Cycles : Cycle 3,Cycle 4
Matières : Français,Histoire et Géographie (HGGSP),Technologie
Types : Fiche enseignant
Infos : # Après visite,# Avant visite

Depuis l’Antiquité et pendant plusieurs siècles, des scientifiques et des ingénieurs ont tenté de relever le défi de la plongée sous-marine. Ils y ont vu une possibilité d’explorer les fonds marins et surtout, ils y percevaient déjà un fort intérêt militaire. Résumé de cette épopée à travers quelques projets qui ont marqués l’Histoire.

Des siècles de prototypage

Les premiers plans connus de navires submersibles naissent à la fin du 15e siècle. Un ingénieur militaire, le vénitien Roberto Valturio, évoque dans l’un de ses ouvrages la possibilité de construire des engins sous-marins. Quelques années plus tard, Léonard de Vinci imagine à son tour une machine capable d’emmener des hommes sous l’eau. Conscient de l’utilisation cruelle qui pourrait être donnée à son concept, il préféra ne jamais le diffuser. Il donne à sa création le nom de « navire pour en couler un autre ».

Au cours des deux siècles suivants, plusieurs prototypes de submersibles ou de semi-submersibles voient le jour. Il leur manque la plupart du temps un élément essentiel : la propulsion.

Bon à savoir : Roberto Valturio

Roberto Valturio (1413-1483) est un écrivain, ingénieur militaire du prince Sigismondo Malatesta, seigneur de Rimini, considéré comme l’un des plus redoutables chefs militaires de l’époque. Il a probablement consigné les idées du prince. Son ouvrage, écrit en latin, « De Re militari… » a été traduit en français au 16e siècle sous le titre « Les douze livres de Robert Valturio touchant la discipline militaire ». Il y présente de nombreux aspects de l’art militaire : la guerre pratiquée par les Anciens de l’Antiquité, l’astrologie, la philosophie, l’arithmétique et la géométrie, les armes et les machines terrestres et maritimes. On y trouve des dessins de navires et d’engins sous-marins.

« Il en est qui avec de grands bateaux séparés en façon de trois coques et par après conjointes ensemble et couvertes de toile cirée passent les rivières sans rames, naviguant de plus grande vitesse, que si elles étaient chassées à douze rames. »

Roberto Valturio

La Tortue, premier submersible fonctionnel

L’invention du premier sous-marin fonctionnel est attribuée à l’américain David Bushnell en 1776. En forme d’œuf, il est monoplace. Ces caractéristiques évoquent déjà ce que sera le sous-marin moderne. Doté de ballasts, il peut rester immergé pendant 30 minutes. Il est propulsé par une hélice tractive qui tire le navire. Située à l’avant, elle est actionnée manuellement par le pilote. La profondeur d’immersion désirée est obtenue par une seconde hélice à axe vertical, actionnée également à la main.

Conçue pendant la guerre d’indépendance des États-Unis, la Tortue est avant tout une arme de guerre. Elle est équipée d’une mine largable contenant 75 kg de poudre explosive.

Le Nautilus, premier sous-marin français

En France, il faut attendre l’année 1800 pour voir la construction à Paris du premier sous-marin français, conçu par un Américain, Robert Fulton.

Long de 6,50 m et large de 2 m, il est doté d’une coque en cuivre, et il est propulsé en surface par une voile repliable au besoin. L’hélice propulsive est couplée à une ligne d’arbre actionnée à l’aide de trois manivelles par trois marins. Deux ballasts et un lest de sécurité facilitent la plongée et la remontée. Le commandant bénéficie à l’avant d’une coupelle d’observation munie de hublots pour observer les fonds marins. Le Nautilus reste avant tout un sous-marin militaire. Isolé dans un compartiment étanche, à l’avant, un treuil, manœuvré de l’intérieur, déroule un câble qui traîne un baril d’explosifs, pouvant être largué sous un navire ennemi. Le dispositif prévu pour cette opération n’a jamais servi, les autorités militaires jugeant déloyal l’emploi d’une arme sous-marine.

Validé par Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul, le projet est finalement arrêté quatre ans plus tard.

Le Plongeur, premier sous-marin à propulsion mécanique

En 1863, la Marine nationale française lance un sous-marin entièrement propulsé par un moteur à air comprimé. Il a été conçu par le commandant Siméon Bourgeois et l’ingénieur Charles Brun. Mesurant plus de 42 mètres de long, il pèse 420 tonnes et peut embarquer sept marins dans une immersion maximale de 12 mètres.

Sa maquette est présentée à l’Exposition universelle de 1867, où Jules Verne l’aurait longuement observée. La chaloupe-capsule de sauvetage pour son roman le Nautilus s’inspire de cette première française.

Il est désarmé après plusieurs années de tests qui ne parviennent pas à corriger son problème d’assiette. Sa capacité à rester parfaitement à l’horizontal dans l’eau n’est pas assurée.

Le Gymnote, premier sous-marin à propulsion électrique

Conçu par deux Français, l’ingénieur militaire Henri Dupuy de Lôme et l’ingénieur du Génie maritime Gustave Zédé, il est doté de batteries au plomb. Mis en service en 1888, il est le premier sous-marin français propulsé au tout électrique. Il est également le premier sous-marin à être équipé d’un périscope.
En plongée, il peut naviguer à 4 nœuds (7 km/h) et atteindre les 8 nœuds en surface (14 km/h).
Inscrit sur la liste de la flotte française sous l’intitulé « bateau sous-marin », il effectua près de 2 000 plongées pendant ses 30 ans de carrière. Les tests et les expériences réalisés ont solutionné de nombreux problèmes de navigabilité posés jusqu’alors. Il est ainsi considéré comme l’ancêtre des sous-marins modernes français.

Carte d'identité délivrant les principale données du sous-marin Espadon.

L’aventure des sous-marins modernes

Au 20e siècle le développement des sous-marins devient exponentiel. Ils sont adoptés par de nombreuses marines. En 1900, la France innove encore avec le Narval, premier du nom, qui arbore une double coque. Le pays fait office de leader dans le domaine. La propulsion des sous-marins évolue vers un double système diesel et électrique.

La Première Guerre mondiale est un tournant majeur pour les submersibles qui sont pleinement intégrés aux stratégies militaires du côté allemand et français.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, c’est notamment grâce à son importante flotte de sous-marins, les Unterseeboot, que l’Allemagne nazie dominera les mers et les océans. Après-guerre, les avancées technologiques allemandes inspireront la France lors de la conception du Narval, frère aîné du sous-marin Espadon.