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Documentaire inédit sur le paquebot France : les coulisses de la production

13 Jan 2021

« La grande aventure du France » retrace l’épopée du paquebot de légende construit aux chantiers nazairiens. Interview de Thibaut Chatel, producteur, sur les coulisses de ce grand documentaire et sur l’importance des ressources patrimoniales conservées à Saint-Nazaire.

En exclusivité, nous vous dévoilons un extrait du documentaire sur l’une des innovations mises en place sur le paquebot France, ici pour assurer une meilleure stabilité du navire en mer :

Quel a été votre rôle en tant que producteur du documentaire La grande aventure du France ?

Thibaut Chatel : « Le producteur, c’est celui qui trouve l’idée. Il forme une équipe pour la mettre en œuvre et va voir les diffuseurs pour la faire financer.

Le cas du documentaire sur le paquebot France est un peu exceptionnel. Un soir, je regardais Science Grand Format, une émission dédiée à la science et aux technologies sur France 5. Ce jour-là, le film s’intitule Concorde, le rêve supersonique.

Les Trente Glorieuses, aller le plus vite possible, le mieux possible, avec les meilleures technologies du monde et une aventure qui se finit mal… Une histoire cousine de celle du France ! »

Pourquoi réaliser un documentaire sur le paquebot France sous l’angle technologique ?

Thibaut Chatel : « L’exploitation du navire par la Compagnie Générale Transatlantique est assez classique. Sa construction, elle, est extraordinaire. Saint-Nazaire a donc été un lieu très important pour nous.

D’abord pour rencontrer les ingénieurs qui ont travaillé dessus, et aussi pour la mine d’or que représentent les archives photographiques conservées par l’Écomusée de Saint-Nazaire. Nous voulions également filmer des scènes aux Chantiers de l’Atlantique, un lieu toujours aussi vivant aujourd’hui.

La question centrale qui nous a guidée était :
Qu’est-ce que les Chantiers de l’Atlantique ont gardé de la technologie mise au point pour la construction du France ?

En l’occurrence, énormément de choses : la construction par blocs, la soudure des coques, l’utilisation massive de l’aluminium dans les superstructures pour gagner en légèreté… Bien sûr, ces innovations ont évolué depuis, mais le principe de base reste le même ! »

Vue aérienne en couleur du paquebot France en cours de construction, la coque est déjà peinte et il est entouré de 4 grues.

Pourquoi de telles innovations dans la construction du paquebot France ?

Thibaut Chatel : « Avant que le projet du France ne soit acté, des débats internes occupent la Compagnie Générale Transatlantique :

  • Doit-elle se contenter de la flotte qu’elle possède déjà ou se doter d’un nouveau navire ?
  • Faut-il commander un gros paquebot ? Un paquebot de taille moyenne ? Ou deux petits ?

Toutes ces questions retardent énormément le projet. Lorsque la décision est enfin prise en 1956, il faut trouver de nouvelles solutions pour accélérer significativement le temps de construction.

J’admire les ingénieurs qui ont répondu à ce défi : « Comment faire pour construire ce paquebot plus vite que d’habitude ? »

Qu’avez-vous trouvé à l’Écomusée de Saint-Nazaire ?

Thibaut Chatel : « Une main tendue, de l’écoute et de nombreux conseils ! Dans nos métiers, nous voyageons beaucoup et c’est rare de trouver un accueil aussi chaleureux. Des archives incroyables aussi, d’une grande qualité.

Les photographies de la construction du paquebot France sont superbes, remarquablement composées. Chaque photographie raconte une histoire. »

Vue aérienne du lancement du paquebot France sans ses cheminées, il glisse hors de sa cale inclinée pour entrer dans l'eau. Photographie en noir et blanc d'un groupe d'ouvriers tirant sur une corde pour faire tomber un pieu de bois sur lequel repose le paquebot France.

À quoi servent les archives et les collections de musée dans votre travail ?

Thibaut Chatel : « Tout d’abord pour contrôler, vérifier avec plusieurs sources authentiques chaque information qui est dite.

Également pour apporter visuellement des réponses simples à des questions parfois complexes. Pour cela, nous ne pouvons pas nous contenter de laisser la parole à des spécialistes brillants, il faut tout illustrer. L’exemple parfait est le traçage de coque :

À l’heure où les ordinateurs sont omniprésents dans nos processus de construction, comment faire comprendre que chaque pièce de la coque du navire était auparavant tracée au sol par des hommes, maquettée en bois avant d’être réalisée en fer ?
Pour cela, les archives sont capitales.

Photographie noir et blanc de la salle à tracer des chantiers navals nazairiens avec des ouvriers accroupis en train de tracer des formes au sol.

Enfin, elles permettent de montrer l’aventure humaine. J’ai été très ému de voir ces hommes arriver le matin avec leur cote de travail et leur béret, sans aucune protection et travailler parfois à plus de 30 mètres au-dessus du sol… »

Pose du fût de cheminée avant du paquebot France (1962), le 26 juin 1961.

Pourquoi avoir tourné à Escal’Atlantic ?

Thibaut Chatel : « Les ambiances y sont puissantes ! Du luxe des premières classe à la dureté des espaces de la troisième. C’est très émouvant. Y installer notre studio de tournage est une chance incroyable.

Nous avons pu tourner devant des décors d’origine comme les panneaux du salon de musique 1re classe du paquebot France réalisés par Pierre Bobot.

Depuis que je suis môme, il y a une photo chez moi de mes grands-parents et de leurs amis posant sur le pont du paquebot Normandie lors d’une traversée pour New York. Je l’ai précieusement conservée en rêvant qu’un jour, je ferais cette traversée comme eux.

Dans Escal’Atlantic, j’ai eu l’impression de ressentir ce que mes grands-parents avaient vécu à bord du Normandie. »

Ensemble de panneaux de laque dorés décorés sur le thème de la musique et exposé dans Escal'Atlantic. Le réalisateur Olivier Hennegrave en train de tourner un documentaire sur le France dans une salle d'Escal'Atlantic.